Que représente pour vous la Birmanie ?
La Birmanie, pour moi, c’est le souvenir d’un voyage
que j’ai fait en 1982 de sept jours ; c’était le temps
autorisé pour les voyageurs à cette époque; Ce qui
m’avait alors impressionné, c’était de découvrir que,
par rapport aux pays himalayens, aux tons chauds, rouge
sombre et brun bordeaux, les couleurs y étaient plus
kitsch; la Birmanie était plus asiatique, plus colorée.
D’où
le choix des teintes vives, et ensoleillées de votre
tableau. Mais, bien que nous soyons dans le
non-figuratif, que symbolisent les déchirures qui
zèbrent votre tableau ?
Le côté politique, la Birmanie déchirée depuis des
années. En fait, mon tableau est un collage,
confectionné à partir d’affiches déchirées dans la
rue. Je choisis ces dernières à cause de leurs
couleurs, de leurs trames, de leurs grains, je les
déchire puis je les recompose et les recolle. C’est
l’affiche qui est la matière première de l’œuvre
présentée. Les nouveaux réalistes m’ont inspiré,
particulièrement Jacques Mahé de la Villeglé. En
revanche, si ce dernier prétend faire du ready made
(c’est-à-dire qu’il trouvait des affiches déjà déchirées
et qu’il les exposait), je déchire moi-même les
affiches et recompose un tableau. Les affiches sont mes
tubes de peinture.
Au niveau symbolique, les déchirures de mon tableau
représente celles de la Birmanie. J’espère qu’elles ne
sont que transitoires et que les Birmans auront le
libre choix de leur avenir. En disant cela, je me fonde
sur mon expérience d’ethnologue et de délégué au CICR.
A ce titre, j’ai une perception moins ethnocentrique de
ce que peut être un régime, dans le sens où la référence
à la démocratie ne doit pas être un absolu. C'est là, à
mon sens, qu’intervient la liberté de choix des Birmans
quant au régime dans lequel ils veulent vivre. Il
existe d’autres régimes qui peuvent correspondre aux
Birmans : une fédération, basée sur le concept de la
région par exemple. Les droits de l’homme
ne sont pas universels , l’homme existe en tant que
famille, clan, société , les droits existe existe mais
pas les droits de l’Homme, parler des droits de l’Homme
c’est illusoire Homme, que sous-tend la démocratie, ne sont pas
universels car l’homme n'existe pas seul mais
au sein d’une famille, d’un clan ou d’une société.
Parler des droits ethniques d’accord, mais parler des
droits de l’Homme, à mon avis, est illusoire…..
Propos recueillis par
Danielle Schibler /
ASB
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